"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

LA BALLADE POPULAIRE AVANT « LA GUZLA ».

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pour être citée: « Il nous manque, dit-il, des chants vulgaires, doucement nourris d’une politique vraie, ou même de sentiments religieux exempts de puérilités superstitieusesL » En 1826 virent le jour : les Contes populaires allemands de J.-Ch.-A. Musâus, les Ballades et chants populaires de la Provence traduits en prose française par Marie Aycard, les Chants populaires des frontières méridionales de l’Ecosse par sir Walter Scott, traduits par Artaud 2 , ouvrage connu de Mérimée et mentionné très discrètement dans la Guzla. En 1827 : les Contes du gay savoir, les fabliaux, ballades et traditions du moyen âge, publiés par Ferdinand Langlé, recueil qui obtint un certain succès littéraire, malgré son caractère scientifique 3 ; les Poésies européennes de Léon Halévy, traduction de ballades étrangères, dont plusieurs russes, tchèques et polonaises ; les Mélodies romantiques, « choix de nouvelles ballades de divers peuples », livre où se trouve même une pièce serbe; les Ballades allemandes, traduites par Ferdinand Flocon ; enfin, la Guzla. Durant cette époque, on le verra au paragraphe suivant, la poésie populaire des Serbo-Croates ne resta pas inconnue ni du public français en général, ni de Prosper Mérimée en particulier. Si nous jetons un coup d’œil sur ce qui précède, nous constaterons qu’à la veille de la grande bataille romantique, la poésie populaire ne plaisait en France qu’à la condition d’être étrangère. On fit bon accueil aux chants

1 Mercure du XIX 1 siècle, tome VIII, p. 607 et suiv. (1825). 2 Paris, Gosselin, 4 vol. in-B’. 3 La France chrétienne des 28 décembre 1827 et 2 janvier 1828. Le Globe du 17 mai 1828.