"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

PROSPER MÉRIMÉE AVANT « LA GUZLA ».

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de Fauriel. Lorsque parut l’Æsttozre de la poésie provençale, deux ans après la mort de l’auteur, Mérimée lui consacra un long article dans le Constitutionnel, disant que « M. Fauriel possédait surtout une qualité bien rare dans un esprit aussi cultivé : c’est une merveilleuse facilité à comprendre la poésie primitive et populaire, à y découvrir comme le cri de la nature, souvent sauvage et bizarre, mais quelquefois sublime 1 ». C’est en lisant les textes publiés dans les Chants populaires de la Grèce moderne que l’auteur de la Guzla apprit ce qu’on appelait alors le « romaïque ». Laissez donc de côté le romaïque, écrivait-il à l’inconnue (5 août 1848), où vous avez tort de vous complaire, car il vous jouera le même tour qu’à moi, qui n’ai pu l’apprendre et qui ai désappris le grec... Dès 1841, on n’entendait plus prononcer, dans la Grèce du roi Othon, un seul des mots turcs si fréquents dans les Tpavoûcta de M. Fauriel. Vous ai-je traduit une ballade très jolie, etc. C’est de Fauriel aussi que Mérimée apprit une foule de détails qui caractérisent la poésie populaire. Nous nous en occuperons dans notre deuxième partie. i 3 L’iNFLUENCE DE STENDHAL SUR MÉRIMÉE : GOUT DE LA MYSTIFICATION Mérimée fît la connaissance de Stendhal en 1821, chez Lingay, le Maisonnette des Souvenirs d’Égotisme. Mérimée avait dix-huit ans et Stendhal trente-huit;

1 Le Constitutionnel du 17 février 1846. (Cet article n’est pas recueilli dans les Œuvres de Mérimée.)