"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

UNE INSPIRATION CHINOISE.

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Ainsi Mérimée sut jouer admirablement l’un et l’autre rôle : ici accuser la modestie du simple amateur, et là laisser accroire que son Italien, traducteur et commentateur, possède en ces matières une autorité indiscutable. Il y en a dans son livre pour tout le monde : pour les sceptiques, les réserves toutes naturelles que doit faire un étranger qui traite d’un pareil sujet; pour ceux tout disposés à croire à l’authenticité de ses soi-disant ballades illyriques, la belle assurance d’un homme qui s’entend aux choses qu’il dit. A la fois caricature et portrait : portrait de l’érudit amateur et caricature ou parodie du vrai savant, tel nous paraît être le commentateur de la Guzlak « l’aubépine de veliko » : UNE inspiration chinoise Il paraît que l’Aubépine de Veliko, qui est la première ballade du recueil, fut aussi composée la première. Elle marque une sorte de transition entre Smarra et le reste de laGuzla. Le sujet <\e, VAubépine de Veliko ressemble beaucoup à celui du Bey Spalatin de Nodier, bien que le fond de cette ballade soit emprunté à un autre ouvrage : l’Orpheltn de la maison de Tchao, drame chinois dont nous parlerons tout à l’heure. Comme son prédécesseur, Mérimée raconte une

1 Sainte-Beuve dit que Fauriel dut voir dans la Guzla «. une atteinte légèrement ironique à des sujets pour lui très sérieux et presque sacrés » ; on a même dit qu’il fut mécontent de cette conséquence inattendue de ses conseils littéraires. (J.-B. Galley, op. oit., p. 314.)