"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

UNE INSPIRATION CHINOISE.

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celle montagne là-bas j’ai’cent vingt cavaliers qui descendront au premier coup de mon sifflet d’argent. » Alors Fédor Aslar, sans dire mot, lui a fendu la tète d’un coup de sabre; et ils sont venus à la maison de George Estivanich, où était sa femme, qui avait vu cela. « Sauve-toi, fils d’Alexis ! sauve-toi, fils de Jean ! les beys de l’est ont tué mon mari ; ils vous tueront aussi ! » Ainsi a parlé Thérèse Gelin. Mais le vieux bey a dit : « Je suis trop vieux pour courir. » Il lui a dit : « Sauve Alexis, c’est le dernier de son nom ! » Et Thérèse Gelin a dit : « Oui, je le sauverai. » Les beys de l’est ont vu Jean Veliko. « Amorti » ont-ils crié : leurs balles ont volé toutes à la fois, et leurs sabres tranchants ont coupé ses cheveux gris. « Thérèse Gelin, ce garçon est-il le fils de Jean? » Mais elle répondit : « Vous ne verserez pas le sang d’un innocent. » Alors ils ont tous crié : << G,'est le fils de Jean Veliko ! » Joseph Spalatin voulait l’emmener avec lui, mais Fédor Aslar lui perça le cœur de son ataghan, et il tua le fils de George Estivanich, croyant tuer Alexis Veliko. Dix ans après, devenu un chasseur robuste et adroit, Alexis Veliko demande à Thérèse Gelin : « Maman, pourquoi ces robes sanglantes suspendues à la muraille.» « C’est la robe de ton père, Jean Veliko, qui n’est pas encore vengé; c’est la robe de Jean Estivanich, qui n’est pas vengé, parce qu’il n’a pas laissé de fils. » Le chasseur est devenu triste ; il ne boit plus d’eau-de-vie de prunes ; mais il achète de la poudre à Segna: il rassemble des heyduques et des cavaliers. Le lendemain de la Pentecôte, il a passé la Mresvizza, et il a vu le lac noir où il n’y a pas de poisson : il a surpris les trois beys de l’est, tandis qu’ils étaient à table. « Seigneurs! seigneurs ! voici venir des cavaliers et des heyduques armés : leurs chevaux sont luisants ; ils viennent de passer à gué la Mresvizza : c’est Alexis Veliko. » « Tu mens, tu mens, vieux racleur de guzla. Alexis Veliko est mort : je l’ai percé démon poignard. » Mais Alexis est entré et a crié: « Je suis Alexis, fils de Jean ! » Une balle a tué Nicolas Jagnievo: une balle a tué Joseph Spalatin; mais il a coupé la main droite à Fédor Aslar, et lui a coupé la tête ensuite.