"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

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CHAPITRE IV.

ont un certain cachet d’exotisme. Le nom deFédor est russe et non pas serbe; Spalatin est emprunté à Nodier; Estivanich, Aslar, Gelin, n’existent pas; Veliko veut dire grand et Mérimée a dû l’apprendre sur la carte où ce nom figure très souvent ; les noms de lieux sont exacts et c’est sans doute d’après une carte géographique que Mérimée indique les divers itinéraires suivis par ses héros. Que manque-t-il à ce poème pour être sinon véritablement illyrien du moins un pastiche de la poésie illyrienne? Indépendamment d’un peu plus d’exactitude dans le détail, il lui faudrait encore se rapprocher davantage par son inspiration des sources de la poésie populaire serbo-croate. Un poème qui a pour sujet la haine de deux familles ou de plusieurs chefs, est de tous les peuples comme de tous les pays, mais si le chanteur serbe avait traité cette histoire, il lui aurait assurément donné une plus large allure épique et il y aurait mis plus de naïf enthousiasme que ne l’ont les courtes scènes serrées de Mérimée. | 5 « VOYAGE EN BOSNIE » « CHANTS GRECS » Dans sa lettre au Russe Sobolevsky, Mérimée indique, comme une des sources où il a puisé 4 la couleur locale tant vantée » de la Guzla. « une petite brochure d’un consul de France à Banialouka », dont il avait oublié le titre. Dans sa préface à la seconde édition de son livre, il cite « une assez bonne statistique des anciennes provinces illyriennes, rédigée, croit-il, par un chef de bureau du Ministère des Affaires étrangères ».