"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

LES SOURCES: « VOYAGE EN BOSNIE ».

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qui ne prirent pas ce parti, éprouvèrent une mort cruelle. Le roi fut de ce nombre. On frémit d'horreur au récit de son supplice. Après avoir été écorché vif, on le lia à un pieu, où il servit de but aux flèches des Turcs. Par sa mort, les Ottomans, restés maîtres du royaume, y établirent un Bèylerbèy. Cette forme de gouvernement subsiste encore aujourd’hui.

cire, son barbare vainqueur le fit écorcher vif et achever à coups de flèches.

Des informations qui lui étaient données, Mérimée a tiré la courte notice que nous avons mise en regard du texte de Chaumette-Desfossés. Sèche et brève, elle contient ce qu’il y a d’essentiel dans le récit du consul ; elle est faite pour éclairer le lecteur sur les origines de ce drame sanglant et sur le drame lui-même dont Mérimée s’est proposé d’illustrer certaines phases ; car, avec son extraordinaire puissance d’évocation, il a vu se dérouler l’horrible tragédie dans le palais de Thomas I or ; il asu se représenter les tourments affreux, les terreurs de l’âme du parricide; il a compris qu’un tel crime devait être expié d’épouvantable façon ; la main de Dieu devait conduire la vengeance; mieux que cela, il a su donner la vie à ce roi meurtrier dont l’ambition ne recule pas devant le forfait le plus abominable et qui reste cependant bon chrétien. Séduit par le pathétique de cette histoire, il l’a conçue un peu à la façon d’une épopée où le sang coule à flots, où les passions sont violentes, les crimes inouïs. Mais il avait l’haleine trop courte pour créer un poème d’une telle envergure; il s’est borné à en décrire quelques scènes, à peindre quelques tableaux. A ce Thomas 11, roi de Bosnie, personnage absolument inconnu dans la tradition populaire, Mérimée consacre quatre ballades qui sont comme les fragments d’un grand poème : la