"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

les sources : fortis (suite).

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Il y a un abîme entre cette belle fille aux yeux noirs obstinément baissés et l’illyrienne un peu effrontée de Mérimée. Militza est un modèle de pudeur virginale, l’amante de Dannisicll nous paraît déjà quelque peu sœur de Carmen et bien plus Espagnole qu’elle n’est Serbe. I 4 LA VIE DOMESTIQUE DANS « LA GUZLA » (sWZÏe) Si les Illyriennes de Mérimée ne le sont que de nom, ses Illyriens sont plus vrais. Sans doute, les traits qui les distinguent sont parfois grossièrement accusés, ils ne manquent pas toutefois d’une certaine « couleur », ou du moins, on démêle dans les portraits que Mérimée en a laissés l’intention d’y mettre de la « couleur ». Initié par le Voyage en Dalmatie, l'auteur de la Guzla réussit quelquefois à trouver des sujets et des motifs que l’on rencontre fréquemment dans la véritable poésie serbe. C’est le cas des ballades qu’il a brodées sur le chapitre que consacre Fortis aux Amitiés morlaques. Mais pour être moins loin de la vérité, ces ballades n’en sont pas beaucoup meilleures ; le choix du sujet est plus heureux, mais la manière de le traiter bien défectueuse encore. L’amitié joue, en effet, un rôle important dans les piesmas. Nombreuses sont les histoires serbes qui nous racontent les glorieux exploits et les sublimes sacrifices d’un ami qui veut délivrer de la prison turque ou vénitienne celui avec lequel il s’est lié d’amitié. On risque sa vie en attaquant l’ennemi, ou bien on paie une rançon exorbitante (« trois charges d’or »). Le dévouement 19