"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

« HADAGNY. »

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et plus sec que dans cette courte ballade des Monténégrins. Ce n’est pas là la candeur, ni la prolixité du chanteur populaire qui vibre d’enthousiasme au souvenir des grands coups qui furent jadis donnés ; qui revoit en imagination tous ces exploits merveilleux, les enjolive et pour leur donner plus l’apparence de la vérité précise les détails et s’y arrête avec complaisance l . La verve imaginative de Mérimée est d'un tout autre genre : de phase en phase il nous mène en courant à la fin du combat ; et si les Monténégrins devaient nous faire songer à quelque chose, ce serait plus à /’Enlèvement de la redoute qu’à la poésie primitive. I 6 « HADAGNY » Il est dans la Guzla une autre pièce qui traite de la vie des Monténégrins : Hadagny*. La première partie de cette ballade est inspirée des Lettres sur la Grèce, notes et chants populaires, extraits du portefeuille du colonel Voutier, Paris, 1826. Au profit des Grecs. Elle n’est que la mise en œuvre dramatique et poétique de deux anecdotes qui s’y trouvent rapportées. Mérimée eut tout d’abord la franchise de citer, à propos d’un détail insignifiant et dans une note bien dissimulée, « les lettres sur la Grèce du colonel Voutier ». Il supprima cette note dans les éditions postérieures.

1 Nous retrouvons ce trait caractéristique dans beaucoup de poésies populaires. La célèbre Bataille de Moral, de Veit .Weber, rappelle singulièrement les ballades serbes du même genre. 2 La Guzla, pp. 233-244.