"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

LES SOURCES : THÉOCRITE.

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àse sentir mollement bercé sur la mer 1 ; il ne faut pas non plus beaucoup d’idées pour songer qu'un pirate, toujours à craindre, peut venir troubler cette douce quiétude; et c’est pourquoi nous dirons que sila Barcarolle de Mérimée ne nous semble pas plus mauvaise que d’autres, elle ne nous en paraît pas moins artificielle. | 8 THÉOCRITE ET LES AUTEURS CLASSIQUES Si Mérimée n’avait pas fait de très bonnes études au collège Henri IV, il en fit d’excellentes après être sorti des bancs du lycée. Il fut pendant de nombreuses années l’auditeur assidu de Boissonade au Collège de France 2 ; et c’est à juste titre que son successeur à l’Académie française, M. de Lomenie, le déclara un des meilleurs hellénistes de son temps 3 . Il est donc tout naturel de retrouver ici et là, dans la Guzla. des souvenirs classiques. Le critique de la Foreign Quarterly Review (juin •1828) avait déjà remarqué cette influence de la Grèce antique dans les ballades « illyriennes ». C’est ainsi qu'il rapproche, non sans raison, la XIV e Idylle de Théocrite du Morlaque à Venise de Mérimée. Ajoutons que, si dans le début de son poème Mérimée s’est inspiré de Théocrite, c’est encore à la Grèce, mais à la Grèce moderne, aux Chants populaires de Fauriel qu’il en

1 N’oublions pas que Mérimée passa l'automne 1826 à Boulogne-surMer. 2 Léo Joubert, Revue de France du 31 juillet 1875. 3 Recueil des Discours lus dans les séances de V Académie française, 1870-1879, t. I, p. 462.