"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

LES SOURCES : THÉOCRITE.

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Elles lavent une fois, elles les lavent deux, trois et cinq fois. Mais passé les cinq fois, elles les jettent dans la rue : —«. Étranger, ramasse tes vêtements ; étranger, ramasse tes habits. Retourne dans ton pays, étranger ; retournet’en chez toi 1 . »

ce que.je veux: je suis comme un chien à l’attache. Les femmes se rient de moi quand je parle la langue de mon pays, et ici les gens de nos montagnes ont oublié la leur, aussi bien que nos vieilles coutumes : je suis un arbre transplanté en été, je sèche, je meurs 2 ...

A la même époque, un critique français constatait, lui aussi, l’influence de Théocrite. Après avoir blâmé la sauvagerie qui règne dans la plupart des pièces qui composent la Guzla, « nous excepterons, dit-il, deux petites pièces : F Impromptu du vieux Morlaque et le Morlaque à Venise. Il règne dans la seconde une mélancolie douce et vraiment poétique, et qui décèle un grand fonds de raison. L’autre est une imitation assez gracieuse de la Galatée de Théocrite 3 . »Et là,-comme si souvent ailleurs, nous retrouvons le procédé familier de Mérimée : pauvre d’invention, l’auteur de la Guzla emprunte à Théocrite l’inspiration de son poème et à Chaumette-Desfossés la couleur locale :

Chadmette-Desfossés : La chaîne du Prolog qui sépare la Bosnie de la Dalmatie... Cette chaîne renferme les plus hautes montagnes. Quelques-unes... sont couvertes de neige pendant dix mois de l’année 4 .

Théochite : O blanche Galatée, pourquoi repousses-tu celui qui t’aime, ô toi

Mérimée : Impromptu. La neige du sommet du Prolog n’est pas plus blanche que n’est ta gorge.

Un ciel sans nuage n’est pas plus bleu que ne sont tes yeux.

Claude Fauriel, Chants grecs, t. 11, p. 197. 2 La Guzla, pp. 43-45. 3 Gazette de France du 19 septembre 1827. 4 Voyage en Bosnie, pp. 2-3. 20