"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

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CHAPITRE PREMIER.

des sources de la Save à la frontière monténégrine, et de llsonzo àla frontière turque. Le pays avait un gouverneur général à Laybacli et était divisé en six provinces civiles et une province militaire ; il avait reçu une organisation française, à l’exception de Raguse et de la province militaire 1 . Dans la capitale des provinces, qui était déjà une vraie tour de Babel, une petite colonie française s'était installée et il s'était formé une cour autour du gouverneur. L’éloignement de Paris dans lequel vivait celui-ci lui avait fait décerner « des pouvoirs extraordinaires », suivant les propres paroles de l’Empereur au général Bertrand, le premier titulaire, et le conseil qu’il présidait et dirigeait avait reçu le « pouvoir de prononcer, soit comme Conseil d’État, soit comme Cour de Cassation, sur plusieurs objets importants 2 ». Quatre gouverneurs ont régné à Laybach entre 1811 et 1813 : le maréchal Marmont, duc de Raguse, le général comte Bertrand, le.maréchal Junot, duc d’Abrantès, et Fouché, duc d’Otrante. Au premier rang de la colonie se trouvait l’intendant général M. de Chabrol, un administrateur actif et capable; il était secondé par le maître des requêtes Las Cases, le futur compagnon de Napoléon à Sainte-Hélène 3 . « A cette époque, dit le biographe de Fouché, où l’extension de l’Empire avait créé un réel cosmopolitisme en facilitant les relations et les allées et venues de pays à pays, on avait vu apparaître à la « cour » de Laybach plusieurs personnages de la société parisienne qui y apportaient les modes, les bruits et l’air des Tuileries. A côté des officiers et

1 Décret du 15 avril 1811, 2 Louis Madelin,-Fowc/ié, t.IT, p. 246. 3 Ibid.