"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

LES ILLYRIENS AVANT « LA GUZLA ».

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La géographie y gagna d'abord. La Dalmatie, le Monténégro (qui était à deux pas de la garnison française de Cattaro), la Bosnie pays tous inconnus jusqu’alors furent étudiés dans une série d’articles, brochures, mémoires, relations de voyage, qui se prolongea longtemps après la restitution des provinces à l’Autriche. A Laybach, on publie en français des décrets, arrêtés et règlements 1 . On rédige le Télégraphe officiel des provinces illyriennes, journal tétraglotte, publie par le gouvernement (en français, italien, allemand et Slovène 2 ). A Trieste, on imprime une grammaire française « à l’usage de la jeunesse guerrière des provinces illyriennes 3 ». En France, les journaux donnent régulièrement des nouvelles du pays et s’efforceront de faire connaître à leurs lecteurs la plus récente conquête impériale 4 . Peu de temps après l’occupation delà République de Raguse par Lauriston (1806), un lettré « slovinique », le comte de Sorgo, fut présenté à Napoléon 5 et élu membre de l’Académie Celtique (plus tard Société des Antiquaires de France). Il lut à cette savante compagnie un Mémoire sur la langue et les mœurs du peuple slave 6 dans lequel il exprimait l’opinion suivante : « Depuis qu’une partie des peuples slaves, notamment les Dalmates,

1 N. S. Pétrovitch, Bibliographie française sur les Serbes et les Croates, Belgrade, 1900, pp. 25-26. 2 Manque dans la bibliographie de M. Pétrovitch. 3 Louis Léger, Une mystification littéraire de Mérimée, dans la Nouvelle Revue du 16 juin 1908, p. 447. 4 Par exemple : Recherches sur l’lllyrie ancienne et moderne, dans le Moniteur universel du 20 mars 1810. 6 Moniteur universel, 1806, p. 463. 6 Mémoires de VAcadémie Celtique, Paris, 1808, t. 11, pp. 21-62. Cf. aussi pp. 143-145 (lettre de Marc Bruère) et 403-434. 5