"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

70

CHAPITRE PREMIER.

Il ne s’occupa point de politique à Laybach, lui, l’éternel conspirateur que redoutait Napoléon 1 . « Les éventualités de la possession m’étaient à peu près étrangères », dit-il à propos de ses conversations avec Fouché, conversations qu’il inséra dans les Souvenirs et portraits, et qui sont fort sujettes à suspicion 2. Ses principales occupations se réduisaient à la direction d’une bibliothèque et à la rédaction du Télégraphe officiel*. Le Télégraphe officiel datait de 1810 : Nodier ne l’avait donc pas fondé, comme le prétendent SainteBeuve 4 , Quérard s et M. Georges Vicaire 6 . Trente mois avant l’arrivée du charmant conteur à Laybach, un arrêté du gouverneur, instituant la censure, avait ordonné qu’un journal serait publié par les soins de l’intendance 7 ; le2B juillet 1810, un prospectus fut lancé pour annoncer la prochaine apparition du Télégraphe officiel des provinces illyriennes. Ce journal devait avoir quatre éditions : française, italienne, allemande et slave 8 ; il devait paraître deux fois par semaine, in-4°, et contenir, outre les actes publics, « toutes les nouvelles qui pourront influer sur l’esprit des lecteurs et sur les intérêts du commerce ». ■— Remarquons que Nodier (qui, personnellement, ne revendique pas le nom de fondateur du Télégraphe comme le font pour lui ses

1 L'on connaît quel rôle fantaisiste il attribue à la société secrète des philadelphes dont il disait avoir été l'un des membres des plus actifs. 2 Souvenirs et portraits : Fouché, p. 313. a Ibid. i Portraits littéraires, t. I, p. 472. 6 Quérard, La France littéraire, t. VI, p. 429. 6 G. Vicaire, Manuel de l’amateur de livres, t. VI, col. 91. 7 Marmont, Mémoires, liv. XIV, p. 435. 8 Prospectus du Télégraphe officiel.