"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

72

CHAPITRE PREMIER.

« Nous ne trouvons, il est vrai, sa signature qu’au bas d’avis indiquant au lecteur les moyens de faire parvenir à la direction les vingt francs, prix de l’abonnement. Mais on reconnaît sans peine l’auteur des articles qui paraissaient dans le corps du journal. Sous cette rubrique toujours neuve : « on nous écrit » de Palerme, ou du Caire, ou de Berlin... nous retrouvons toujours la même langue pure et élégante, le même style limpide et brillant, une argumentation serrée et ingénieuse qui ne laisse aucun doute sur l’identité des nombreux correspondants que le Télégraphe officiel des provinces illyriennes devait entretenir à l’étranger. « Enfin, sous le titre de « Variétés », nous voyons paraître des études fort curieuses sur les peuples slaves, leurs mœurs, leur langue, leur littérature, et des articles de critique littéraire ou théâtrale, qui sont dus à la plume féconde qui devait produire plus tard tant de morceaux délicats. « Le Télégraphe officiel dura autant que l’occupation française. Le dernier numéro paru à Laybach est du 24 août ; il fallut reculer devant les armées autrichiennes : la rédaction du journal, transportée à Trieste, fit encore paraître huit numéros (69 à 76) dont le dernier est du 26 septembre; ces derniers numéros étaient imprimés en trois langues : français, allemand et italien. C’est ce qui a donné lieu à la légende communément admise du journal polyglotte’. Il faut mettre cette légende au rang de beaucoup d’autres et constater que Nodier n’a pas cherché à éclipser le cardinal Mezzofanti; il s’est

1 « Vers 1811... Nodier fut chargé de la direction... d’un journal intitulé le Télégraphe, qu'il publia d’abord en trois langues : français, allemand et italien, puis en quatre, en y ajoutant le slave vindiqiie, » Sainte-Beuve, Portraits littéraires, t. I, p. 472.