La mort de Louis XVII d'après la Registre-Journal du Temple : documents inédits

10 LA MORT DE LOUIS XVI

À 3 heures, un peu de temps après l'ordonnance partie, il lui prit une seconde crise et il passa.

Nous avons arrêté que sur l'instant le porte-clef, qui avait connaissance de l'événement, serait consigné dans la tour et que toute communication avec les autres employés de la maison lui serait interdite.

Nous avons arrêté en outre que l'officier de santé, mandé par lettre à lui écrite, serait introduit dans une des pièces de la Tour, et invité d'y rester avec nous jusqu'au moment que nous recevrions des ordres du Comité de Süreté générale, et que, pour écarter tout soupcon, le service serait con-

: tinué pour l'enfant comme avant l'événement, que l’on irait chercher chez

l’apothicaire les médicaments commandés, et à la cuisine les bouillons que nous aurions soin de porter nous-mêmes afin que les employés n'aient aucun accès près de l'appartement du défunt, qu'à l'instant nous écririons au président du Comité de Süreté générale la lettre suivante et que, pour plus de diligence et de secret, l’un de nous serait chargé de la porter.

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LETTRE ÉCRITE AU PRÉSIDENT DU COMITÉ DE SURETÉ GÉNÉRALE

« À ? heures de relevée, une crise ayant pris au malade après avoir pris «une cuillerée de la potion ordonnée, aussitôt nous avons écrit au « citoyen Pelletan de se transporter sur-le-champ auprès du malade. Le « cavalier vénait de partir qu'une seconde crise lui prit et dans laquelle « il passa.

« Nous avons consigné dans la Tour le porte-clef qui a connaissance ! « de cet événement, en attendant vos ordres. »

À quatre heures demie arriva le citoyen Pelletan, officier de santé. Nous l’introduisimes dans la chambre du défunt dont il nous a confirmé la mort; et de suite descendu dans une chambre de la Tour conformément à l’arrêté pris, il fut invité d'y rester avec nous jusqu'au retour de notre collègue parti au Comité de Süreté générale et il y a obtempéré.

À cinq heures, notre collègue fut de retour, accompagné d’un secrétaire du Comité de Süreté générale 2, porteur d’un arrêté dudit Comité, conçu en ces termes :

€ CONVENTION NATIONALE. — COMITÉ DE SURETÉ GÉNÉRALE & AUX COMMISSAIRES DU TEMPLE « Citoyens,

« Nous venons de recevoir la lettre que vous nous avez adressée, par « laquelle vous nous donnez avis de la mort du fils de défunt Louis « Capet. Nous vous invitons, citoyens, au reçu de celle-ci, de prévenir « les deux officiers de santé chargés de traiter le fils de Capet pendant sa « maladie de s’adjoindre deux de leurs confrères, les plus éclairés, à « l'effet de procéder à l'ouverture du corps et en constater l’état.

« P.-$. — La Convention nationale s'étant trouvée séparée à la réception « de votre lettre, le Comité n’a pu lui faire part de l'événement que vous « lui annoncez. Il Iui en rendra compte demain. »

(Suivent les signatures.)

Nous avons donné connaissance du susdit arrêté au citoyen Pelletan, à

1. Ces trois derniers mots sont, par erreur, répétés dans le texte, 2 Bourguignon.