La patrie Serbe

DS ANT LA PATRIE SERBE

mains : les nuées s’accrochaïent aux sommets quelles dissimulaient un instant. leur folle cheyauchée courait contre létain sans reflet du ciel. La tempérafure était d'au moins quinze degrés au-dessous de zéro. Soldats. enfants, vieillards, femmes, suivaient le sentier de la faim, de l'abandon, du désespoir. Un pied devant l'autre, un pied devant l’autre, éternellement le même mouvement recormmençait. D'impalpables flocons volaient de nouveau dans l'air. On aurait cru voir un essaim de papillons pâlis par la bourrasque. Il fallait se trainer, ramper, s'élever n importe comment sur la pente; le chemin piétiné, pareil à une bande de verre malpropre, étendait une trace noire, sans commencement ni lin, sur la blancheur partout répandue. Cette trace tournait autour des flancs des montagnes hérissées d'arbres rabougris; elle montait les cols, descendaïit, remontait, redescendait, sabaïissait jusqu'au cœur sombre des ravins, coupés dans les intimes profondeurs de la terre. Au fond de ces ravins les torrents charriaient des eaux noires saisies par le cristal des berges. Les malheureux pénétraient dans cette eau tellement glacée que son contact était une brûlure. Dureis autant qu'une croûte, les vêtements déchirés enveloppaientles corps douloureux ; ces loques rigides, en se cassan{, entaillaientlés chairs cuisantes ef le sang anémié, retiré des veines, mettait péniblement une goutte rouge à la surlace de l'écorchure. Des rafales de vent secouaient la neige collée aux squelettes des arbres. Le vent, lorsqu'il traversait les gorges ou agitait les branches, se plaignait avec un gémissement monotone, identique à la plainte des loups quand ils hurlent à la lune. La nation serbe franchissait, muette, les névés privés de tout vestige humain. De ce monde polaire, parfois une décharge de balles pleuvait sur les pauvres

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