La patrie Serbe

LA PATRIE SERBE 25

formidable massif alpestre abritant la nouvelle nation. Les Serbes, montagnards expérimentés, se cachèrent dans les forêts et sur les crêtes. Des cimes boisées ils * regardaïent les soldats byzantins pénétrer dans les gorges. En file indienne, quelquefois rangés par deux de front, les cavaliers revêtus de brillantes cuirasses, les fantassins aux armes lumineuses, traversaient péniblement les vallons resserrés. Le soleil, en passant pardessus les épaules des monts, mettait des étincelles sur les lances couronnant les bataillons de lumière. Les Serbes laissaient agir les Grecs, céux-ci s'enfonçaient plus profondément dans le territoire de l'adversaire. l’armée byzantine représentait la civilisation ; pour cette raison sans doute, elle abimaït le pays à mesure qu’elle le foulait sous ses pieds chaussés de fer. Les Serbes ne se montraient pas encore. Réunis dans la profondeur de leurs forêts, ils se concertaient. Le gouverneur de Durazzo ignorait les règles de la guerre: parti sans expérience il conduisait à l'aventure soixante mille hommes. Le peu de résistance rencontré le stimulait. Général de camelote, il ne prenait aucune précaution pour garder le Chemin du retour. Ayant suffisamment pillé, courbés sous le butin ramassé sans effort, les fastueux soldats de Byzance déroulèrent de nouveau leur long serpent mouvant au fond des vallées franchies une première fois. Subitement les rochers s’animèrent, les forêts grouillèrent d'une vie meurtrière; des crêtes les flèches tombèrent en flots diluviens. Les Serbes prenaient leur revanche. Le massacre fut abominable. Les montagnes ferrifiantes, les forêts mystérieuses paraissaient ensorcelées. Chaque arbre cachait un ennemi. Comme s'ils éfaient les jouets des Titans, les blocs de pierre roulaient sur les pentes abruptes, dans une chute implacable ils s'écroulaient des à-pic sur-