La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

90 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

Or on lit dans le procès-verbal de la Commune, séance du soir, quatre heures : « Un officier de la garde nationale annonce que plusieurs personnes ont été tuées en chemin … (Le Conseil général sait bien quelles sont ces personnes; ce sont les prêtres convoyés de la mairie à l'Abbaye.) Et que le peuple commence à pénétrer dans les prisons. » — « Des commissaires sont nommés par le Conseil pour aller protéger aux prisons les prisonniers pour mois de nourrice. On invite les sections à réclamer, chacune, les prisonniers de cette caté. gorie qui lui appartiennent. — On nomme des commissaires pour aller à l'Abbaye. — Le Conseil arrête d'envoyer avertir l’Assemblée de ce qui se passe aux prisons. »

Et c’est après tout cela, dans le procès-verbal, que BillaudVarenne et Robespierre dénoncent. Tel est l’ordre authentique des faits.

Ainsi, c’est bien les oreilles pleines de propos relatifs aux prisons, à un massacre, que ces deux messieurs font leur dénonciation ‘.

Robespierre a-t-il entrevu et voulu la suite possible, probable de sa dénonciation, à savoir l’emprisonnement, le meurtre de ses adversaires? Robespierre fut-il homicide en pensée ce jour-là? Qui pourrait décider cette question avec certitude? La suite de la vie de Robespierre peut seulement suggérer un grave soupçon. Robespierre, il faut le rappeler ici, est l’homme qui, autant que Marat, a commis l’arrestation des Girondins au 2 juin; qui a minuté plus tard le décret avec lequel on leur ferma la bouche au tribunal. Cela est vraiment terrible contre Robespierre. Il est l’homme qui, en ayant l’air de reculer devant l'arrestation de Danton, a fourni le plan de son acte d'accusation; qui, encore cette fois, a rédigé (avec Saint-Just) le décret abrégeant la défense des Dantonistes. C'est l’homme qui n’a pas hésité devant le meurtre juridique

1. Erreur secondaire de Louis Blanc : « Après le 2, Robespierre s’elface. » Pas du tout; il est encore au Conseil général le 3, puisqu'il est chargé de se rendre au Temple séance tenante avec deux autres commissaires.