La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 91

de Camille Desmoulins, son vieux camarade, son compagnon de lutte; l’homme qui, à tout le moins, laissa tuer Lucile Desmoulins, meurtre on ne peut plus injuste et inutile ; l'homme qui a fourni le plan du tribunal révolutionnaire, dans sa dernière forme si parfaitement inique et cruelle.

Je n’allègue ici que des actes parfaitement avérés, reconnus même des amis de Robespierre, incontestables.

D'après ce curriculum vitæ il n’est pas encore permis sans doute de dire : Robespierre, en accusant les Girondins le 2 septembre 92, a voulu certainement leur mort; mais je crois qu'il est permis de dire : tel qu’il s'est montré finalement, Robespierre n’était pas tout à fait incapable de concevoir cette affreuse pensée.

Voici maintenant ce qui, plus certain, importe aussi davantage à l’histoire.

Les Girondins ont pu croire, avec quelque apparence de raison, que Robespierre les avait désignés au massacre. Et, de fait, ils l'ont cru. La lettre de Brissot du 3 septembre en est une preuve suffisante, au moins quant à Brissot. Il est, dans la lettre de Roland, adressée à l’Assemblée le 3, quelques phrases qui, sans nommer Robespierre, le concernent certainement, lui avec d’autres.

Et voici la conséquence immédiate. Les Girondins ont pu se dire : « Nous n'avons pas affaire à des adversaires politiques de trempe ordinaire, nous avons affaire à des assassins dont on peut tout attendre et tout craindre ». Remarquez, s'il vous plaît, que Marat, Danton, Robespierre, Billaud, d’autres encore, marchent d'accord à cette époque; qu'ils semblent avoir mêmes opinions, mêmes desseins, et que la défiance des Girondins, à l'égard de chacun de ces hommes, devient par suite plus compréhensible et plus justifiable, à raison de cette solidarité, plus justifiable en particulier à l'égard de Robespierre, puisque Robespierre fait élire Marat député de Paris, Marat qui, lui, est bien certainement le promoteur des massacres de Paris; qui, dans son journal, en demande äâprement,