La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 95

veut en forcer les portes. Ils prient l’Assemblée de délibérer tout de suite sur cet objet, en observant que le peuple est à la porte et qu’il attend sa décision.

Ces municipaux ne disent pas que des prètres ont été égorgés avant d'arriver à l'Abbaye, ni que l'Abbaye a été forcée tout de suite après. Ils disent même le contraire indirectement. «Le peuple veut forcer les portes des prisons. » « Le peuple est à la porte et attend. » Cependant, ils ajoutent cette phrase vague. € Déjà plusieurs prisonniers sont immolés. »

Bazire propose que l’Assemblée envoie des commissaires pris dans son sein pour parler au peuple et rétablir le calme. Fauchet, alors, apprend à l’Assemblée que deux cents prêtres viennent d’être égorgés dans l’église des Carmes (pas un mot de l'Abbaye).

A cette nouvelle horrible l’Assemblée s'émeut-elle? Nullement si on prend le Moniteur ou les Débats à la lettre, si on tient leur récit pour complet. L'Assemblée tout simplement nomme les commissaires proposés par Bazire, et c’est tout. L'Assemblée semble stupéfiée.….

Un citoyen de la garde nationale annonce que les commissaires de l’Assemblée n’ont pas réussi à calmer le peuple, et qu'en conséquence il faut que l’Assemblée prenne une autre mesure. — Pas de réponse; silence de toutes parts dans l’Assemblée. — Et, en effet, que désire ce garde national? Que veutil que fasse l’Assemblée législative? Si c’est vraiment le peuple qui agit, que peut faire cette Assemblée, déjà à moitié ensevelie, qui n’a dans Paris aucune force à sa disposition? Et, d’ailleurs, qui, en ce mois de septembre, après la révolution du 10 août, oserait proposer d'employer la force contre le peuple, ce peuple qui a fait la révolution du 10 août?

Voici maintenant que les commissaires entrent dans la salle, retour de l'Abbaye. Rapport de Dussaulx, qui est celui d’un homme évidemment très troublé. (Il a vu notamment des milliers d'hommes rassemblés dans un lieu bien trop étroit Pour en contenir autant.)