La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

98 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

les familles d'émigrés et même à punir les conspirateurs? Quand elle aura puni, c’est-à-dire, comme beaucoup entendent ce mot, massacré les conspirateurs, la section en référera au Conseil général ou à l’Assemblée législative ; il sera vraiment bien temps.

Un membre fait lecture de ce qui a été arrêté hier au soir dans la conférence tenue chez M. le Maire. J'y relève ceci :

« Le département de Paris fournira 60 000 hommes. On recevra d'abord les engagements volontaires et l’on complétera le nombre de 60000 par la voie du sort. Article adopté. »

3 heures du soir. — « Le Conseil général, voulant inviter les citoyens de tous les départements à se réunir à leurs frères d'armes, qui sont disposés à mourir plutôt que de se laisser replonger dans l'esclavage, arrête que vingt-quatre commissaires seront pris dans son sein pour engager les citoyens des départements à se réunir à l'Armée parisienne et à employer tous les moyens qui sont en leur pouvoir pour repousser l’ennemi. » — Qu'est-ce à dire? Il y a donc une armée parisienne à laquelle les départements seront invités à fournir comme un appoint, une force auxiliaire? La Commune veut-elle paraître conduire le recrutement et la guerre à la place du Pouvoir exécutif? Parfaitement! Il n’y à pas à douter de cette intention d'après la conduite générale de la Commune. Quant à sa phrase dernière, qui a l’air si patriotique, nous savons par les suites ce qu’elle signifie au fond, Et cela est fort tragique! Les vingt-quatre commissaires vont recevoir cette instruction secrète que, dans quelques jours, Vergniaud lira à la tribune de la Convention, l'instruction rédigée par Marat, laquelle invite les départements à massacrer les traîtres à l'exemple de Paris. — Je ne veux pas dire pour cela que tous les membres du Conseil aient possédé le sens secret de la phrase en question, cela n’est pas à croire; mais les malins, les meneurs, savaient bien ce que cette phrase voulait dire.

Duplain, journaliste et imprimeur, comparaît à la barre.