La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 101

les ordres se croisent; on ignore souvent de qui ils émanent ; la responsabilité du ministre et du maire devient illusoire et cruelle, puisqu'elles tombent sur des faits dont ils n’ont pas eu connaissance ou qu'ils ne peuvent empêcher... J'ai vu le ministre de la Guerre gémir des lenteurs qu'apportait à la formation du camp l'intervention d'une commission ardente mais étrangère (évidemment!) aux dispositions de cette nature (la commission militaire de la Commune). Le peuple doit être là, en personne ou par ses commissaires, pour voir ce que fait le Pouvoir exécutif, soit! Mais il doit le laisser agir, sous peine de périr dans ses propres débats... Une jalouse inquiétude fermente encore et aigrit contre ce pouvoir, comme s’il rendait essentiellement vicieux les hommes auxquels il est réparti... Hier au soir même, dans la maison commune, on dénonçait les ministres vaguement quant au fond, parce qu'on manquait de sujet de reproches‘, mais avec cette force d’assertion qui séduit... et détruit la confiance.

« Hier fut un jour sur les événements duquel il faut peut-étre laisser un voile. Je sais que le peuple, terrible dans sa vengeance, y porte encore une sorte de justice; il ne prend pas pour victime tout ce qui se présente à sa fureur; il la dirige sur ceux qu'il croit avoir été trop longtemps épargnés par le glaive de la loi, et que le péril des circonstances lui persuade devoir être immolés sans délai. Mais je sais qu'il est facile à des scélérats, à des traitres, d’abuser de cette effervescence et qu'il faut l'arréter. Je sais que nous devons à la France entière la déclaration que le pouvoir exécutif n'a pu ni prévenir ni empêcher ces excès. Je sais qu'il est du devoir des autorités constituées d'y mettre un terme ou de se regarder comme anéanties. Je sais encore que cette déclaration m’expose à la rage de quelques agitateurs. Eh bien, qu’ils prennent ma vie... Le salut de Paris exige que tous les pouvoirs rentrent à l’instant dans leurs bornes respectives. L'approche des ennemi

L. Allusion aux discours de Robespierre et Billaud. ,