La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

104 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

qui demandent à l’Assemblée de rapporter le décret contre Marat”. Thuriot (le défenseur ordinaire de la Commune) demande que tous les jugements rendus depuis juillet 89 « pour faits de presse soient éteints et abolis ».

L'Assemblée législative prend un décret conforme aux désirs de Thuriot. La séance se ferme à deux heures du matin sur un message de la Commune : la Commune fait savoir que Paris est parfaitement tranquille. — Et les massacres continuent !

La séance du 4 septembre est en grande partie occupée par les rapports que font les députés de retour des sections où ils ont été envoyés d'après le décret porté la veille, pour faire prêter le serment. Ces commissaires rentrent tous enchantés, émus, ravis de l’accueil qu’ils ont reçu du peuple. Le peuple n’est rien que respect, obéissance et dévouement pour l’Assemblée nationale.

Il n’y a pas à douter des manifestations bienveillantes, du respect et des égards dont 48 députés déposent. Dans tous ces bons sentiments, et surtout dans les serments qu'on a prononcés de faire respecter la vie et les propriétés des gens, il y a, ce semble, une réaction morale de Paris contre les massacres.

Avec tout cela personne n’agit; la réaction morale ne se traduit par aucun acte; les massacres continuent.

Choudieu lit à l'Assemblée une lettre de Roland qui invite énergiquement Santerre à employer les moyens dont il dispose pour défendre la vie de tous les citoyens. On trouvera plus loin cette lettre et la réponse de Santerre.

4. Cet incident est remarquable par plusieurs raisons. C'est à l’occasion de Marat qu'un défenseur zélé de la Commune, Thuriot, se fait l'avocat de la liberté de la presse, à l’occasion de ce Marat, qui a participé plus que personne à l'interdiction de la presse dite contre-révolutionnaire, et qui a même tiré profit du pillage des imprimeries de cette presse. Et le défenseur de la Commune sait très bien comment la Commune traile la liberté corporelle des journalistes qui ne lui plaisent pas. Et personne dans l'Assemblée ne fait remarquer aux zélateurs de Marat que ce qu’ils appellent la liberté de la presse n’est que la liberté de leur presse!