La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

106 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

Conseil général de la Commune, séance du 4. On sy occupe gravement d’un incident ridicule ". — « Le conseil, profondément affligé des nouvelles qu'on lui apporte encore de l'Abbaye, y envoie deux commissaires pour y rétablir le calme. »

Un peu plus tard : « D’après une lettre d’un commissaire à la Force, le Conseil envoie encore six commissaires, pour tâcher d'arrêter le bras vengeur qui frappe les criminels ». Vraiment, l'envoi de commissaires, avec la formule presque invariable « pour rétablir le calme » commence à faire l’effet d'une dérision méditée. Remarquons la variation apportée à la première formule : « le bras vengeur qui frappe les criminels ». Elle en dit assez long sur l'opinion intime de la Commune au sujet des massacres.

5 septembre 1892 à la Législative. — Quelques sections envoient à l’Assemblée des députations qui apportent des arrêtés pris par leurs sections. Ces arrêtés déclarent en général que les sections adhèrent à la lettre du ministre

1. Il est plaisant, et il est encore plus instructif pour l'historien curieux de mesurer la mentalité moyenne d’une réunion comme le Conseil général de la Commune, où l’on n'esi pas tout à fait peuple, où influent des hommes intelligents, écoutés aux Jacobins, voire à la Convention, il est, dis-je, instruetif de lire dans le procès-verbal du 4 septembre, p. 89, l'incident que voici : « Une lettre adressée au citoyen Navarre, marchand de toile, est communiquée par un membre. Le cachet de cette lettre porte les armes de l’Empire; elle parait venir de Bruxelles. Elle est conçue en ces termes : « Il faut, mon cher, faire ce dont nous sommes convenus. La canaille est bien disposée; nous devons en profiter. Adieu. Vive le roy! » L'honnète Navarre a communiqué lui-même celte lettre. Le Conseil général a cru voir dans cette lettre un indice frappant de l’affreux projet des ennemis de la liberté, de Lous les chevaliers du poignard qui, comptant sur la scélératesse de la plupart des geôliers et concierges, voulaient faire ouvrir les prisons aux malfaiteurs et s'unir à eux, moyennant un mot de ralliement, pour égorger en ure nuit tous les patrioles de la capitale. Il est arrèté que cette leltre Sera imprimée, figurée comme elle est, avec une note des présomptions qu'elle a fait naître au Conseil.

Un membre demande que l'impression soit retardée jusqu'à ce que le citoyen Navarre ait été entendu et qu’on sache s’il ne pourrait pas donner des lumières à cet égard. On le fait chercher, mais il est à la campagne. »