La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

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ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 111

Brissot soutient M. Crestin: « La souveraineté est une et indivisible, dit-il; elle n'appartient qu'à la réunion des 25 millions de Français et ils ne peuvent l'exercer qu’en masse. » — C'est pourquoi Brissot sera guillotiné Van prochain pour crime de fédéralisme (entre autres).

Cambon insiste : L'idée que l'Assemblée nationale pourrait annuler un arrêté d’assemblée primaire « le fait frémir d'horreur ».

M. Robin proteste : « En attendant la réunion des vœux de toutes les portions du peuple français, en attendant la volonté générale de la nation, nulle assemblée primaire n’a le droit de détruire partiellement les anciennes institutions ».

Brissot : € Cambon aurait raison s’il ne s'agissait pour les assemblées primaires que du droit d'émettre un vœu ». Très bien; la distinction est bonne.

Charlier vient au secours de Cambon : « Je ne conçois pas, dit-il, comment, parce que les assemblées primaires électorales exercent la souveraineté du peuple, on veut entraver leurs opérations. Je demande que le projet de la commission extraordinaire soit écarté par la question préalable. » L'Assemblée, aux applaudissements des tribunes, donne raison à Charlier.

À mon avis le vote de la Législative est tout simplement une énormité, ou plutôt serait une énormité si la Législative avait agi avec conviction; mais cette hypothèse est inadmissible; une assemblée qui avait innocenté Lafayette et qui au fond était royaliste constitutionnelle, ne pouvait pas professer intimement sur la souveraineté du peuple les idées d’un Charlier, les idées de la Montagne. La vérité est que la Législative donna ce jour-là, non pas une preuve d'aberration intellectuelle, mais une preuve de faiblesse extraordinaire. Remarquons deux choses : 1° L'orateur qui soutient en ce temps-là la souveraineté du peuple en chaque circonscription — la souveraineté du peuple local, laquelle détruit parfaite-