La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. dt

à Versailles et en dix autres endroits. Trente mille personnes ou plutôt trente mille familles vivaient dans les transes; il était humain — et politique aussi — de les rassurer !.

Les responsabilités. L’Assemblée. — On ne lit pas les comptes rendus des séances de l’Assemblée nationale du 3 au 10 septembre, sans éprouver un pénible étonnement. Elle ne dit pas un mot, elle n’a pas un geste de colère où d'indignation à tels moments où on voudrait la voir soulevée tout entière par la violence de ces sentiments.

A la nouvelle du premier massacre, le 2 au soir, sur la proposition de Bazire, elle envoie une députation à l'Abbaye; espérait-elle un résultat définitif d’une démarche si simple, et, dirai-je volontiers, si peu autoritaire? C’est possible. mais voici les députés qui rentrent; le prétendu peuple, en train de se faire justice, les a reçus comme des ouvriers brutaux recevraient des gèneurs qui viendraient les empêcher dans une besogne utile et commandée; l’Assemblée garde le silence. Même silence à la séance du matin, le 3, après la lecture de Bagnoux. Plus tard, elle écoute la lettre de Roland et l’applaudit vigoureusement. Enfin Gensonné apporte un

1. Le Conseil général de la Commune, le 6 septembre, avait bien voulu faire une concession apparente au libéralisme de l’Assemblée; il avait arrêté qu'il serait délivré des passeports, avec lesquels on pourrait circuler dans l’étendue du département de la Seine. — Le 8 septembre, Roland écrit à l’Assemblée pour lui demander la libre circulation des personnes et des choses dans tout le territoire. Carnot le jeune appuie. Aussitôt se dresse le fidèle défenseur de la Commune, Thuriot : « Sans repousser, a-priori, dit-il, la proposition de Roland et Carnot, je pense qu'il y aurait intérêt à ce que la question fût auparavant attentivement examinée ». Et il demande le renvoi à la commission extraordinaire. L'Assemblée accorde le renvoi. Dans la même séance, Lasource, au nom de la commission, fait son rapport et propose un décret dont les considérants reproduisent les raisons données par Roland : 1° Il est impolitique et au moins inutile de retenir dans Paris les gens timides, ou même les quelques malintentionnés qui veulent en sortir. 2° Les entraves. mises à la circulation nuisent gravement au commerce et particulièrement à la circulation des subsistances. — En conséquence, l’Assemblée décrète : La circulation est réalisée dans l’Empire. L'obligation des passeports n’existera qu'à dix lieues des frontières ou des pays occupés par l'ennemi. — La liberté accordée par Ha Commune et celle accordée par l’Assemblée donnent la mesure de l'intelligence des deux corps en fait de choses économiques. Les ineptes conseillers de la Commune v’allaient à rien moins qu’à affamer Paris.