La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

418 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

décret : c’est un appel direct au peuple, au vrai cette fois.

L'Assemblée invoque sa raison, sa justice, son humanité, la nécessité de l’ordre et du respect pour les lois. Partout le peuple répond à cet appel par des effusions rassurantes. Il devient clair que le peuple, c’est-à-dire la grande majorité des Parisiens, n’est pas du massacre. — Et le massacre continue. Cela est-il explicable?

Les lois de la Constituante établies dans un esprit (très compréhensible d’ailleurs) de défiance à l'égard du pouvoir exécutif, ont attribué le droit d'employer la force armée contre les mouvements populaires, aux municipalités exclusivement. Dans chaque ville, le corps municipal, seul, à droit de requérir la force armée et de l’employer, sous sa responsabilité, dans des conditions et des formes déterminées par la loi; s’il manque à exercer ce droit, comme c'est son devoir de le faire, les autorités superposées, directoire de district, directoire de département, ministre de l'Intérieur, lui envoient successivement des messages impératifs. En cas du refus d'agir, ces autorités suspendent maire et conseil. L'Assemblée nationale, seule, après cela, peut les casser; l’on procède alors à des élections municipales, mais... en attendant? — En attendant, l'émeute peut suivre son cours.

Telle était la situation que les lois de la Constituante avaient faite respectivement aux municipalités et aux pouvoirs supérieurs. Il en résulte déjà que la Commune de Paris avait, incontestablement, en septembre, le devoir d'agir.

Elle en avait aussi le pouvoir, c’est encore certain. Elle, et elle seule dans Paris, possédait une police nombreuse et, de plus, au moins 40 000 hommes de garde nationale, qu’à sa voix le commandant Santerre pouvait mettre en mouvement. On dira peut-être : « Si l’Assemblée directement, immédiatement, ne pouvait rien mouvoir, déployer aucune force, ne pouvait-elle pas, vu la gravité des circonstances et l’urgence, commettre une irrégularité salutaire et faire par son ministre