La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

120 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

en personne au Temple. M. le Maire a requis également M. Santerre de faire marcher du renfort aux prisons.

Ainsi le ministre a requis le maire, qui a requis le commandant général; on ne voit pas ce que le ministre et le maire auraient pu faire en sus; mais Santerre, lui, qu'a-t-il fait? Il s’est présenté au Temple où il n’y avait aucun trouble menaçant pour la famille royale ; il n’a pas paru, et il n’a envoyé aucune troupe aux prisons où il y avait du massacre.

Un peu plus tard, le 3, l'Assemblée reçoit une lettre des commissaires du Conseil général de la Commune, préposés à la garde du Temple. Cette lettre semble à première vue n'avoir pour objet que les prisonniers du Temple; elle a en réalité une bien autre portée. Les commissaires écrivent :

« La résistance (la résistance à qui? évidemment à ceux qui menacent le Temple), la résistance serait émpolitique, dangereuse, injuste peut-être; l'harmonie des représentants du peuple avec les commissaires de la Commune pourrait garantir le désordre (sic); nous demandons que vous vouliez bien nommer six membres pour, conjointement avec nous, calmer l'effervescence. »

Rappelons-nous que dès le 2, dans la soirée, la Commune a montré à plusieurs reprises son dessein d'employer exclusivement à l'égard des massacreurs le moyen de la persuasion. Voici qu'elle conseille à l’Assemblée de suivre la même méthode, de renoncer à tout emploi de la force: c’est faire entendre assez net à l’Assemblée qu’on ne doit attendre d’elle, Commune, rien de plus que des harangues vaines.

Nous l’avons dit, les sections ont fort bien accueilli les commissaires de l’Assemblée. Elles ont prêté avec conviction le serment qu’on leur demandait! et cependant les massacres continuent. L’Assemblée a dû comprendre, le 5 ou le 6 septembre, que les massacres avaient contre eux la masse dispersée du peuple, mais qu'ils avaient pour eux une force

1. De défendre les personnes et les propriétés.