La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 121

régulière, une organisation capable d'agir un moment à l'encontre du sentiment général. L'Assemblée a espéré que ce moment serait court, et elle a attendu dans une résignation muette la fin des massacres.

Pouvait-elle plus et mieux? — Voici, par exemple, une conduite qu'il est facile, en imagination, de lui faire tenir : d'abord elle casse le sieur Santerre, elle nomme un commandant général à elle et elle ordonne à celui-ci d’appeler autour de lui les gardes nationaux de bonne volonté, de se rendre aux prisons, de se saisir des massacreurs, de les fusiller tout simplement s'ils résistent. Après cela, comme il commence à apparaître que le comité de surveillance de la Commune est le premier instigateur des massacres, elle enjoint à son commandant de mettre la main sur les sieurs Marat, Panis, Sergent et autres et de les coffrer provisoire ment. — Il n'y fallait qu'un peu d’audace. — Voilà qui est bientôt dit! Reste à voir si cette Assemblée pouvait concevoir un projet si audacieux. D'abord elle n’est qu'un reste d'Assemblée; 400 membres sur 750 environ ont disparu et sont définitivement absents. Elle est le reste d’un corps qui à fini dans l’impopularité de son vote sur Lafayette. Elle est l'Assemblée à qui Robespierre, au nom de la Commune, est venu signifier qu’elle n’avait qu’à s’en aller au plus vite, et, en attendant, à déférer à toutes les volontés du peuple, c'est-à-dire de la Commune; l’Assemblée, qui a déjà cédé, bon gré, mal gré, à pas mal de ces volontés dites du peuple; l'Assemblée qui n’a plus que vingt jours à vivre, qui est divisée, ayant en son sein pas mal de députés amis de son ennemi (les Thuriot, les Montaut, les Charlier et autres), ayant, dans le pouvoir exécutif qu’elle a nommé, un ministre (Danton) qui fait visiblement le jeu de la Commune et qu’on sent favorable aux massacres, et qui est le seul populaire, et qui traîne à sa suite trois ministres sur cinq; une Assemblée, dont les chefs rencontrent peu de sympathie dans la population de Paris parce qu’ils sont des provinciaux, parce que