La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 427

jui des conclusions assez étonnantes. Roland y disait : « Hier fut un jour sur lequel il faut laisser un voile ». De cette seule phrase, on induit que Roland a excusé, innocenté les massacres, etc. on induit encore qu'il lui était interdit désormais d'en parler avec blâme. — Faisons ce que ces historiens prennent la précaution de ne pas faire; observons la date et les circonstances; replacons la phrase dans son contexte et sondons les mots essentiels.

1° À l'heure où Roland écrit (le 3 août au matin) on est encore mal informé; on l’est par la Commune; la Commune dit : « Le peuple a fait cela, il l’a fait pour sa sécurité; et, en le faisant, il a tâché de frapper uniquement les coupables ». A cette première heure, on accepte généralement la version de la commune. Roland l’accepte : « Je sais, dit-il, que le peuple, terrible dans sa vengeance, y porte encore une sorte de justice. Il ne prend pas pour victime tout ce qui se présente à sa fureur, il la dirige sur ceux qu’il croit avoir été trop longtemps épargnés par le glaive de la loi et que le péril des circonstances lui persuade devoir être immolés sans délai. » C'est absolument l'argumentation de la Commune que Roland tient en ce moment pour exacte. « Le peuple », rappelons-nous ce que ce grand mot prestigieux dit à l'esprit des hommes de ce temps — le peuple c’est le-souverain; et c'est en même temps la classe intéressante par ses malheurs, par ses vertus, toujours droite d'intention, sinon impeccable de fait. Il ne faut parler du peuple qu'avec les ménagements auxquels sa souveraineté, ses malheurs, ses vertus, lui donnent droit.

Cela dit, Roland continue : « Mais je sais qu'il est facile à des scélérats d'abuser de cette effervescence et quil faut l'arréter; je sais que nous devons à la France entière la déclaration que le Pouvoir exécutif n'a pu ni prévenir ni empécher ces excès ». Roland laisse ici percer un soupçon: sans doute il y a eu une effervescence spontanée du peuple, mais des scélérats ont pu se mêler au peuple, et commettre