La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

128 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

des scélératesses. Si cela n’est pas arrivé, en tout cas, cela arriverait demain. Il faut que les représentants du peuple parlent, parlent énergiquement et que le peuple écoute. Et que ces représentants disent bien à la France que les pouvoirs constitués ont été surpris, qu'ils n’ont pu ni prévenir ni empécher. Nos ennemis extérieurs et intérieurs veulent nous désunir pour nous vaincre; restons unis. Faisons taire nos défiances réciproques, et, dans l'intérêt même de l’union, peut-être devrons-nous laisser un voile sur les événements d'hier, ne pas trop nous enquérir; mais à condition que le peuple rentre dans l’ordre et que la Commune, surtout, se renferme dans ses justes attributions. (Et à ce propos je recommande de lire ou de relire le début de la lettre, lequel à trait aux agissements de la Commune, — et de comparer le tableau qu’en fait Roland avec l'exposition détaillée donnée par nous au début de ce livre; on verra combien l’esquisse de Roland est exacte.)

- Nos historiens communalistes veulent absolument que le mot dubitatif de Roland : « Peut-être faut-il laisser un voile » équivaille à l'expression positive : « Il faut laisser un voile ». Ils veulent que l’expression de Roland : « Je sais que le peuple, terrible dans sa vengeance, y apporte une sorte de Justice » équivaille à celle-ci : « Le peuple Juste dans sa vengeance », et enfin que les mots /ureurs et excès employés par Roland soient des expressions approbatives'. Avec ce parti pris complaisant d’équivalences, on arriverait aisément à placer sur le même pied des hommes très inégaux en fait de moralité.

Les mêmes historiens semblent ignorer la suite de cette histoire : la première attitude de Roland leur suffit pour prononcer leur jugement; c’est précisément de cette suite que nous devons tenir compte.

1. Quand on dit d’un homme qu’il est terrible dans ses vengeances, pensezvous que ce soit dit pour louer cet homme? Au reste, pour apprécier avec justesse le langage de Roland, il n’est rien de tel que de relire à côté le langage tenu à l’Assemblée législative la nuit du 3 par les commissaires de Ja Commune .