La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

136 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

Relevons ce trait de psychologie, plus important que cent détails pittoresques, parce qu’il nous révèle le fond, le substratum de l’histoire : les gardes nationaux de Meaux, comme ceux de Paris et de bien d’autres villes, se refusent à agir contre le peuple; à leurs yeux, ces émeutiers sont le peuple, parce qu'ils font des choses violentes et irrégulières, tandis qu'eux-mêmes, gardes nationaux, qui se tiennent dans l’ordre et la tranquillité, ne sont pas le peuple par cela même; etils sont souvent plus nombreux que les émeutiers. Cette aberration serait amusante par son énormité, si elle n’avait été si pernicieuse.

Mais qui oserait assurer qu'aujourd'hui encore, dans toutes les couches de la population, tout le monde serait incapable de tomber dans une aberration pareille ?

Des volontaires parisiens arrivent le 3 septembre à Reims : aussitôt ils suscitent une émeute. Les émeutiers envahissent l’assemblée des électeurs, alors en séance, et lui imposent la nomination de Drouet, d’Armonville : Drouet, le maître de poste qui à arrêté Louis XVI à Varenne; Armonville, un enthousiaste et un singe de Marat, qui ira s'asseoir à côté de lui à la Convention et votera automatiquement comme lui. Au reste ivrogne fini. — Les émeutiers ne s’en tiennent pas à si peu de chose. Ils commencent par tuer le directeur de la poste et un facteur, accusés de connivence avec les conspiraleurs royalistes, puis un officier supérieur et quatre prêtres. Le lendemain, 4 septembre, encore deux prêtres et un homme du peuple.

Le 8 septembre, quatre prêtres insermentés passent à Couches, près d’Autun. Ils sont en voiture; ils partent, avec un passeport régulier pour quitter la France, obéissant en cela à la loi du 26 août. Les agités du pays forcent la municipalité àemprisonner ces quatre hommes. La nuit ils envahissent la prison et les tuent à coups de sabre.