La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 141

les recevoir sous leurs drapeaux? Cette réflexion alarme votre courage. Eh bien, qu’elle porte aussi le repentir dans votre cœur. Obéissez sur-le-champ; la patrie oubliera votre faute et elle vous marquera une place parmi ses défenseurs! »

Voilà une pièce d'éloquence bien appropriée aux gens qu'elle veut convaincre. Si Vergniaud en a espéré quelque chose, il faut conclure que ce grand orateur fut un grand naïf, ce qui, après tout, pourrait bien être. Mais soyons réservés sur Ce point; observons que Vergniaud n'avait, comme l’Assemblée elle-même, d’autre pouvoir que le pouvoir de la parole. On use de l'arme que l’on a en main, si faible soit-elle, quand on n’en a pas d’autre!,

D'après le décret qui accompagnait cette proclamation, les prisonniers devaient être reconduits à Saumur, Fournier et sa bande, en recevant l’ordre de l’Assemblée, eurent l’air de vouloir obéir d’abord. Ils attendaient les instructions secrètes de la Commune. Ces instructions reçues, il prirent résolûment la route de Versailles.

Il paraît bien, par leur conduite, que la possibilité d’encourir le mépris public ne les avait pas impressionnés et que, quant au danger de n’être pas admis à défendre la patrie dans les armées, leur courage ne s’en était nullement alarmé.

On connaît la fin. Les prévenus furent massacrés à Versailles, par des affidés venus de Paris, au milieu des 1500 hommes qui devaient assurer leur sécurité, et qui, complices avisés, après avoir amené leurs victimes dans le traquenard, les regardèrent égorger avec le plus parfait stoïcisme. Les magistrats de Versailles, et à leur tête l'héroïque maire, Hippolyte Richaud, firent tout ce qu'ils pouvaient, au péril même de leur vie, pour éloigner de leur ville tout soupçon de complicité ou même de faiblesse.

Sur l'affaire des prévenus de la Haute Cour, et sur les

1. Nous devrons nous rappeler la misérable situation et de Vergniaud et de l’Assemblée, sans pouvoir réel, devant les chenapans de Fournier, quand, tout à l’heure on discutera la garde proposée par la Gironde.