La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 155

faire un rapport sur la conduite des commissaires du pouvoir exécutif envoyés dans les provinces le 30 août et jours suivants. Vergniaud blâme quelques-uns de ces commissaires d'avoir outrepassé leurs pouvoirs. Il rappelle que ces conimissaires n’ont reçu d'autre mission que celle d'accélérer le recrutement. En conséquence, il propose et fait voter le décret suivant : 1° Les commissaires en question seront tenus de montrer leurs pouvoirs aux autorités locales. 2 S'ils se permettent des actes auxquels ils ne sont pas autorisés, ils seront arrêtés par les autorités locales. 3° Ils ne pourront toucher aux fonctionnaires nommés par le peuple.

L'Assemblée nationale, dont Vergniaud est ici l'organe, professait, on le voit, non seulement des principes de gouvernement et de hiérarchie que la Commune méconnaissait totalement, mais même des principes démocratiques (dans la bonne acception du mot) que la Commune, si démocrate en paroles, transgressait en fait, puisqu'elle enjoignait à ses commissaires les procédés les plus arbitraires à l'égard des fonctionnaires élus par le peuple dans les provinces. — Cela prouve qu'être révolutionnaire dispense parfois d'être démocrate. Peu après, les commissaires envoyés par la Commune au 3 et 4 septembre ont leur tour. C’est encore Vergniaud qui fait le rapport, au nom de la Commission extraordinaire : « Je regrelte, ditil, d’avoir encore à entretenir l'Assemblée de plaintes qui nous sont parvenues des départements contre quelques particuliers, se disant commissaires de la Commune. Certes, votre commission est loin de croire à la parfaite exactitude de toutes ces plaintes, de sorte que, quand il serait vrai que quelques-uns d’entre eux auraient recu des ordres de la Commune hors du département de Paris, il ne faudrait voir en cela que des foulures du corps politique, qu'il faudrait plutôt songer à guérir qu'à irriter. » — C'est un peu bien débonnaire. — « Néanmoins leur gravité à paru telle à votre commission qu’elle a pensé à empêcher le fait de se