La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

158 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

lieu plus dangereux cent fois que les forêts les plus infestées de brigands. On attaque ici toutes les personnes, on viole les propriétés, on outrage toutes les lois; on répand la désolation et la terreur dans Paris, dans toute la France. Il semble que nos ennemis ont des agents et des satellites dans la capitale pour y jeter la consternation et y faire le pillage. » — Masuyer use maladroitement d'expressions excessives. Il parle avec un accent trop sensible de colère et d’impatience; il gâte une juste cause. — « Il s’agit de savoir si la nation française est souveraine ou si c'est la Commune de Paris! » Effectivement on pouvait se le demander. — Masuyer propose de décréter qu'il est défendu à tout officier municipal de s’introduire dans les maisons nationales, et que quiconque prendra l'écharpe, sans en avoir droit, sera puni de mort.

Reboul demande que la Commune de Paris rende ses comptes.

Thuriot : « Je n'aurai pas besoin d'un grand discours pour convaincre l'Assemblée de la bonne foi et du zèle qu'a montrés en toute circonstance la Commune de Paris ». — Il serait au contraire besoin d'un grand discours et singulièrement éloquent pour convaincre l’Assemblée que la Commune n’a pas fortement abusé. — « Il y a de grands coupables qui se couvrent du signe municipal pour commettre des brigandages, mais il ne faut point pour cela accuser les officiers municipaux eux-mêmes. »

Sans doute, mais puisqu'ils sont chargés de la police dans Paris, on peut leur demander comment il se fait qu'on y commette tant de brigandages; comment il se fait qu'on n'arrête pas les voleurs effrontés et les usurpateurs de pouvoirs, tandis qu’on arrête un fonctionnaire de l’État, dans l'exercice de ses fonctions?

Au reste Thuriot en vient à proposer les mêmes mesures que Masuyer, si bien qu'il est chargé de rédiger lui-même les décrets demandés par Masuyer. Il les rédige et on les vote. On vote également le décret demandé par Roland.