La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 181

viennent se défendre. » Ces députés font des événements un récit qui diffère essentiellement du récit que la Convention a entendu hier. — Comme à la fin de son discours, l’orateur d'aujourd'hui à dit : « Les trois corps administratifs, Commune, district d'Orléans, Département, ont arrêté à l'unanimité la proclamation de la loi martiale et au même instant le désordre a cessé, le calme s’est rétabli, sans effusion de sang ». Danton s'écrie : « Je demande l'impression de ce long plaidoyer pour le drapeau rouge ». — Danton ne veut de la loi martiale en aucun cas et quoi que fasse la foule; c'était, nous le savons, le sentiment général des politiciens d'alors. Peutêtre est-ce encore celui de quelques politiciens de notre temps.

Tout homme qui, confondant la foule avec le peuple, s’indigne qu’on réprime les excès de la foule, alors que cette foule fait des actes qu'on châtierait chez un particulier, veut au fond qu'on permette tout à la foule, mais il ne l'avoue pas; il ne formule pas cette conclusion évidemment absurde et dangereuse. Il se tire d’embarras en affirmant que la foule est incapable de commettre un acte injuste. Il y a dans l’histoire des milliers de faits qui lui donnent un démenti. Notre homme les ignore-t-il? Quelquefois. Plus souvent, il les sait, mais il a des explications à en donner, comme celleci, par exemple : « C’est la menace de la répression qui à porté la foule à commettre les actes qu'on a dû réprimer ». — Il va sans dire que nous parlons uniquement des mouvements populaires que quelque parti politique du moment a intérêt à disculper ou à encourager. Danton, par exemple, se refuse à tout emploi de la force, ici, dans cette affaire d'Orléans, parce que les magistrats d'Orléans lui sont suspects de modérantisme, peut-être même de royalisme. Contre ceuxci la foule a toute permission, selon Danton. Mais quand la foule ou le peuple à Lyon, à Marseille, à Toulon se révoltera contre des magistrats Jacobins, oh! alors on apprendra au peuple — sans drapeau rouge, mais rudement, impitoyablement — qu'il n’a qu'à se tenir tranquille.