La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 191

à la dictature. Il ne sera plus temps de punir le dictateur quand il vous aura maïtrisés. » (Parfaitement.) 2° à Billaud : « Prenez garde de frapper l'homme de bien au lieu du coupable, ou en même temps que le coupable ». Suivent des phrases très vagues, et dont j'avoue ne pas pouvoir donner un résumé suffisamment clair. Ce qu’on sent très bien c'est que Buzot a flairé la proposition perfide de Billaud. Billaud, avec sa formule «amené l'ennemi sur le territoire », ferait très bien condamner les Girondins et les autres Législatifs qui ont voté la guerre, car la guerre n’a-t-elle pas amené les ennemis sur le territoire français? — Buzot revient à Danton :

« Qui est-ce qui songe, citoyen Danton, à rompre l'unité de la France? Quand j’ai dit hier qu’il fallait à la Convention une garde prise dans les quatre-vingt-trois départements, n’était-ce pas parler en faveur de cette unité? Un simple décret ne suffit pas pour assurer cette unité; il faut que cette unité existe par le fait, par une réunion d'hommes envoyés de tous les départements. »

Robespierre prend la parole. Son discours est assez prolixe. Réduisons-le aux points essentiels : 1° Robespierre accusé ne va pas défendre sa cause, mais la cause publique, car celui qu’on accuse de viser à la dictature est un ennemi de la cause publique. 2° Il est difficile de répondre à une accusation qui n’est point précise, à la plus vague des imputations. Il y répondra cependant. D’autres hommes succomberaient sous le poids d’une telle accusation; mais lui ne craint pas ce malheur, grâce à tout ce qu'il a fait pour la liberté : « C’est moi, dit-il, qui pendant trois ans dans l’Assemblée Constituante ai combattu toutes les factions. C’est moi qui ai combattu contre la cour, dédaigné ses présents, méprisé les caresses d’un parti plus séduisant qui, sous le masque du patriotisme, s'était élevé pour opprimer la liberté. » — On murmure. Il réclame le droit de rappeler sa vie tout entière et il continue son exposé apologétique. — Robespierre use d'un argument parfaitement légitime en rappelant le cours de