La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

192 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

sa vie parlementaire; néanmoins il a, en parlant de lui, en faisant son propre éloge, un accent de conviction, qui est certes excusable en l’occasion, mais tout de même un peu impatientant : par exemple quand il dit : « S'il était difficile de perdre un citoyen dans l'opinion publique, c'était celui que je viens de peindre, avec ses défauts et ses qualités ». — Tout le monde remarque sans peine que, dans cette peinture, les défauts manquent; aussi se produit-il dans l’Assemblée de vifs mouvements d’impatience, et Osselin (un Montagnard) lui crie : « Robespierre, veux-tu finir cette longue kyrielle et nous donner en quatre mots une explication franche! » Et Lecointe Puyraveau, qui n’est pas Girondin : « Ne nous entretiens pas de ce que tu as fait dans l’Assemblée Constituante. Dis-nous simplement si tu as aspiré à la dictature et au triumvirat. »

L'Assemblée applaudit Osselin et Lecointe; je les trouve cependant naïfs de demander à Robespierre une simple dénégation; comme si, au cas où il aurait aspiré réellement à la dictature, le coupable allait dire : Oui, j'ai voulu cette dictature.

Robespierre, au reste, la fournit tout de suite, cette dénégation; mais il prétend conserver le droit de se justifier par tous les moyens en son pouvoir, et après avoir dit : « Ne croyez pas que je sois dans l'intention de vous importuner souvent; reposez-vous sur moi du soin de vous épargner de l'ennui », il repart en répétant le dernier trait de son apologie.

Plusieurs membres : « Abrégez! »

Robespierre : « Je n'abrégerai point. Je vais donc vous forcer à m'écouter. J’ose vous rappeler à votre dignité. » Et il dit à l’Assemblée comment il faut entendre un accusé, et il a raison de parler ainsi et d’être ferme, et même obstiné.

Cambon, Salle et d'autres encore réitèrent l’objurgation d'Osselin. Ducos l’ainé, au contraire, demande que Robespierre soit entendu sans interruption. La mobile assemblée applaudit vivement Ducos. Robespierre repart donc, et