La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 199

ment, et soumises à l'examen des lecteurs, peuvent-elles être regardées comme des délits? Elles ne peuvent être au plus que des erreurs. — Jamais traître ou machinateur ne prêcha sur les toits, Si mes opinions sont dangereuses, combattez-les par des raisons solides; ne levez pas sur ma tête le glaive de la tyrannie! Ces opinions publiées depuis trois ans, pourquoi avoir tañt attendu pour les métamorphoser en crimes de lèse-nation? » — Jusqu'ici la défense est plausible. Elle contient même de bons passages. Mais Marat, orateur, a des sautes qui déconcertent. Il continue :

« Lorsque les autorités constituées ne servaient plus qu'à enchaïner la liberté, (laquelle?) qu'à égorger les patriotes sous le nom de la loi (allusion à l’affaire du Champ de Mars) j'ai dû faire ce que j'ai fait. Si vous me l’imputiez à crime, le peuple vous. démentirait, car, obéissant à ma voix, il a senti que le moyen que je lui proposais était le seul pour sauver la patrie; devenu dictateur lui-même, il a su se débarrasser des traîtres. Ce sont les scènes sanglantes du 14 juillet, du 6 octobre, du 10 août, du 2 septembre qui ont sauvé la France J'en ai frémi moi-même (?), et c’est pour que le peuple ne fût pas obligé de les renouveler, que j’ai demandé un dictateur, un tribun militaire. J'ai recommandé qu'il füt restreint au pouvoir de punir capitalement les chefs des machinateurs, que son pouvoir füt limité à quelques jours, et qu'il fût enchaîné par le pied à un boulet, afin qu'il füt lui-même à chaque instant dans la main du peuple. Si cette mesure eût été adoptée le jour où la Bastille fut prise, le peuple eût abattu 500 têtes, mais 100 000 patriotes n'auraient pas été égorgés, 100 000 têtes ne seraient pas menacées de l'être » — Marat, sans doute, fait allusion à la guerre. — « Telle a été mon opinion; je n'en rougis point. Si vous n'êtes pas encore à la hauteur, tant pis pour vous ». (Aires ironiques sur certains bancs, applaudissements dans quelques tribunes.)

Vergniaud prend la parole; il se dit malheureux d’avoir à remplacer à la tribune un homme chargé d’un décret d’accu-