La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

206 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

réticences. Il avait menti absolument, effrontément sur un point. Lasource n’avait pas fait la proposition que Marat lui imputait, ni le 21 septembre ni les jours suivants. Ce men-songe impudent ne pouvait tromper personne dans l’Assemblée. Il était amusant d'entendre Marat parler de l'indignation qui lui causaient les attentats à la liberté, comme si on lui eût confisqué ses presses, lui qui, fort de l'appui de la Commune, était allé en personne confisquer les presses d'autrui. (Voir ce que nous avons raconté p. 14 ets.) Avec ses trois cents prédictions (pas une de moins et toutes vérifiées, messieurs!), avec la scène du pistolet, Marat s'était finalement posé en vrai charlatan, en charlatan professionnel. Il ne manquait que la grosse caisse et la clarinette derrière l'orateur. Maintenant remarquons que ce demi-fou à une certaine verve, qu’il parle correctement avec une suite apparente, et qu'au fond il ne laisse pas d'être assez retors. Le malheur pour lui est qu’il ne se possède pas longtemps et qu'enlevé par ses antipathies violentes et plus encore par son orgueil invraisemblable, il se met bientôt hors de toute raison. Vergniaud avait, du haut de la tribune, dénoncé à l’Assemblée, à la France, un crime presque incontestable, acte de révolte, de bravade, de menace d’un pouvoir subalterne contre le pouvoir suprême, et crime en même temps de lèsehumanité : Quelle avait été la réaction de l’Assemblée? Elle avait dans son sein, elle avait sous la main l’un des signataires de la pièce criminelle, Panis; Panis qui venait de démentir Barberoux sur le fait de Robespierre et qui ne s’est pas levé pour démentir ce qui le concerne; et l'Assemblée ne met pas immédiatement Panis sur la sellette; personne n’appuie Vergniaud ni ne l'attaque; aucune résolution n’est proposée : il y a plus fort, on met Marat en cause pour un placard qui n’est, après tout, que le débordement d’un journaliste, et tandis qu’il se disculpe longuement sur ce fait, personne ne se souvient que lui aussi a signé la pièce criminelle, qu'il en est probablement l'instigateur; personne