La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

220 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

Cette sottise, le gouvernement de la défense nationale, en 1870, la commit; elle est même le plus sérieux reproche qu’on puisse lui faire, et il lui a été fait par tous les hommes qui en Europe avaient le sens du gouvernement. Que serait-il arrivé si on n'avait pas eu, en 1870, un moyen fourni par la science pour réparer cette sottise, s’il n’y avait pas eu de ballon pour emporter Gambetta? une défense déconcertée, éparpillée et molle, la défaite finale se précipitant et alors l'empire rétabli dans la pire condition, l'empire sous la protection nécessaire et l’ascendant de Bismarck. Au contraire, si on eût livré Paris au pouvoir absolu d’un gouvernant purement militaire, le seul qui convienne à une ville assiégée, Paris n'aurait peut-être pas connu les séditions intestines qui faillirent emporter le gouvernement de la défense, ni peut-être connu, après le siège, la révolte de la Commune.

Au reste, en 1792, c’est à Roland que la presse européenne donna raison. Elle nous montra comme un exemple la conduite des Américains insurgés contre l'Angleterre. Ceux-ci, gens de bon sens et non pas de pose, pratiquèrent pendant toute la guerre cette tactique d’avoir un gouvernement nomade qui ne s’enferma jamais dans une ville où il aurait pu être assiégé. |

On n’a pas manqué de dire : « Le départ des ministres aurait découragé le peuple de Paris ». Si, après explications de ses gouvernants, Paris n'avait pas voulu comprendre, et s’il avait été capable de se décourager, c'est que, même avec tous ses ministres et tous ses députés présents, il n’était pas capable de fournir une résistance sérieuse. Je pense, pour mon compte, d'après les faits mêmes, qu'en tout état de cause, Paris se serait vigoureusement défendu: ceux qui semblent croire le contraire calomnient Paris, sans s’en douter, pour grandir un homme.

On doit soupçonner maintenant que si j'ai tant insisté sur ce sujet, c’est que, dans ma pensée, il pourrait encore être nécessaire un jour de savoir éviter une pernicieuse erreur.