La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

242 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

mon département m'a accordée, je ne l’ai point obtenue sous l’auspice des poignards et des couteaux. Je ne la dois pas à la terreur et à l’épouvante dont ici, à Paris, tous les citoyens étaient saisis. »

Cependant, indifférentes ou contraires aux désirs qu’avaient les membres de la Commune de s’éterniser dans leurs places, les sections se mettaient en train de procéder aux élections ordonnées. — D’après la loi de la Constituante il fallait commencer par élire, à part et seul, le maire. On se mit done à voter pour le maire, mais la loi prescrivait aussi de voter dans toutes les sections le même jour; les sections, à qui toute discipline répugnait, votèrent à la queue leu leu, chacune à la date qui lui convint. Le résultat de ces élections ne put être proclamé que le 15 octobre : Pétion était élu maire. Comme il s'était présenté uniquement pour montrer qu'il était encore l’homme du peuple de Paris et que l'assemblée des électeurs du second degré, en lui refusant la députation, avait trahi les sentiments du peuple, sous l’influence de jaloux tels que Robespierre, Billaud. Collot, Pétion donna tout de suite sa démission. Cela épargnait à la Convention la peine de casser son élection. Les circonstances favorisaient le désir que les membres de la Commune avaient de garder leurs places; j'entends les idées qui couraient dans les sections, l'esprit qui les animait. La théorie du peuple, souverain dans chacune des sections de la République, avait fait fortune à Paris; la plupart des sections prétendaient avoir le droit de se faire chacune sa loi électorale propre, de voter chacune dans la forme qu'elle trouverait à sa convenance. Bref, sans s’en douter, les Parisiens allaient au fédéralisme. Comment cet esprit aida la Commune à prolonger son existence irrégulière, nous le verrons tout à l'heure. Revenons à notre séance.

Vergniaud, secrétaire, communique une lettre des Commis-