La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 245

lative à la direction de la Commune. C'était done une entreprise municipale. L'État ne s'y était réservé que le droit de payer les dépenses et la Commune ne lui avait pas contesté celui-là, Comme les autres affaires gérées par la Commune, l'affaire du camp tourna promptement à mal. Voici comment, dans une adresse à la Convention, la section des QuinzeVingts, l’une des plus patriotes de Paris, s'exprime au sujet du camp : « Vous avez ordonné un camp qui demande les travaux les plus assidus; votre intention n’est donc pas qu’on enrôle des gens pour ne rien faire; néanmoins on en recoit de tout âge; des filles mème se présentent déguisées en hommes. Le seul moyen de remédier à ces abus serait de payer à La tâche et non à la journée. » Dans le registre de ses délibérations, la section énonce bien plus fortement encore son opinion : « L'assemblée de la section, dit ce registre, est indignée de voir que la presque totalité des ouvriers quittent leurs maîtres, où il ne gagnent de l’argent qu'en travaillant, pour aller gagner 42 sous au camp à presque rien faire » (17 septembre). — La section des sans-culottes porte sur le camp un témoignage également défavorable. « Le service du camp dévore par semaine 360 000 livres. Et il y a là 8 000 hommes qui ne font rien, gardés par 200 hommes qui n’empêchent aucun désordre. » — Ils font encore pis que ne faire rien; ils commettent des déprédations dans les cultures de la banlieue; ils élèvent des réclamations déraisonnables, menacent de se porter sur l’Assemblée au nombre de 15 000 :.

Le 5 octobre. — Lanjuinais dit à ce propos : « Il est plus instant que jamais d'organiser une force publique, puisqu'on ne peut contenir des ouvriers égarés par des agitateurs pervers. Je propose dès à présent de décréter que cette force sera composée de 24000 hommes pris dans les 83 départements et que 6000 feront alternativement le service pendant

1. L. Ternaux, t. IV, p. 228, et Archives parlementaires, t. LIT, pp. 339-340.