La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 15

avec des piques, défendra l’intérieur de nos villes — (contre qui?) — Le tocsin qu’on va sonner n’est point un signal d'alarme, c’est la charge sur les ennemis de la patrie. Pour les vaincre; il nous faut de l'audace, encore de l'audace, toujours de l’audace, et la France est sauvée! »

Voilà qui est parler énergiquement. Mais sous cette rondeur de langage, qui est le propre de Danton, il y a peut-être une manœuvre. Danton présente à l'Assemblée comme émanant du conseil exécutif, des mesures que le conseil exécutif a en effet décrétées à l'instigation, toute-puissante sur lui, du ministre Danton, — mais que Danton tient en réalité de la Commune. Quels effets la Commune et Danton attendentils de ces mesures? Quel est le genre d’audace qu'on s’apprête à déployer? Il y a dans ce discours de Danton des mots ambigus qui font songer.

Il est deux heures de l'après-midi ; effectivement on entend sonner le tocsin et battre la générale.

A ce moment, le comité de surveillance de la Commune fait partir de l'hôtel de la mairie, où ils étaient en dépôt, soixante prêtres insermentés, destinés, d’après la loi récente, à êtres exportés hors du territoire français (sans condamnation judiciaire d’ailleurs). Ces prêtres sont entassés dans quatre voitures, pour êtres transférés du dépôt de la mairie à la prison de l'Abbaye. Le convoi se met en marche, mais en chemin il arrive cette chose terrible, imprévue(?) que les soldats de l'escorte commencent à sabrer leurs prisonniers et qu'arrivés au perron de l'Abbaye ils achèvent de les massacrer. Et voilà; les massacres sont lancés ; ils seront continués pendant six jours‘!

1. Les prêtres massacrés à l'Abbaye et aux Carmes devaient être déportés, suivant la loi, au cas où, dans un délai fixé par cette même loi, ils n’auraient pas d'eux-mêmes quitté le territoire. En emprisonnant ces prêtres préalablement à la déportation, la Commune avait commis une illégalité incontestable à leur égard. Elle était particulièrement tenue à les protéger. Au moment où elle envoya ses commissaires préserver les détenus pour dettes, elle aurait dû

se Souvenir qu'il y avait là des prêtres qui étaient ses créanciers, moralement parlant,