La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. F1

moins on ne lui oppose aucun obstacle; or, précisément, les massacres ne furent empêchés à aucun moment.

Une émeute populaire enfonce les portes des maisons qu’elle envahit; ici, elle se les fait ouvrir, et facilement, comme si elle avait été munie d’un mot de passe. Les geôliers, non seulement livrent les portes aux massacreurs, sans résister, sans protester, mais à leur première réquisition, ils apportent leurs registres d’écrou. Ces geôliers ne sont aucunement maltraités. Les meurtriers observent un certain ordre, affectent de la discipline, simulent un tribunal, prétendent bien haut faire justice; et, de fait, s'ils condamnent et exécutent, ils absolvent assez souvent, ils acquittent et libèrent. Cela a un air d'opération administrative, et même de jugement judiciaire.

D'ailleurs, l'administration municipale y coopère. Elle ne se contente pas de savoir et de laisser faire; elle intervient. Billaud-Varenne (membre du Grand Conseil) apparaît à l'Abbaye le 2 au soir, vers cinq ou six heures, pour promettre un salaire aux ouvriers du massacre, et leur fait promettre réciproquement qu'ils ne voleront pas les dépouilles des morts; s'ils volaient, ils ne seraient pas le peuple; il est bien convenu que le peuple, en émeute, ne vole pas. Après Billaud, c'est Manuel, le procureur-syndie, qui vient. Qu’a dit celui-ci? On n’en sait trop rien. Dès la première heure, la Commune a envoyé douze commissaires aux prisons, avec la mission ostensible de préserver les détenus pour cause. civile, et, par une conséquence non formulée, de laisser les massacreurs traiter à leur guise les détenus politiques. Ces commissaires se portent d'abord aux diverses prisons; leur visite a pour eflet de rassurer geôliers et massacreurs, les premiers sur le fait d’avoir ouvert leurs prisons, les autres sur le fait de massacrer. Mais bientôt ces commissaires s’établissent à la Force, à cause du voisinage de l'Hôtel de Ville, et là, on les voit autoriser de leur présence, bien plus, de leur présidence, la tuerie, qui justement se prolonge à la