La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 19

impossible, car naturellement le nombre des assistants aux sections variait à chaque instant. Nous savons par de nombreux exemples que, souvent, dans ces assemblées de section, des arrêtés étaient pris en fin de séance par quelques rares demeurants, et révoqués le lendemain par des arrêtés en sens inverse. Ces arrêtés de sections sont donc des témoignages très peu sûrs des véritables sentiments du peuple, outre, s’il vous plait, que les sentiments populaires sont, de leur nature, assez muables et flottants. J’en donnerai bientôt un exemple éclatant.

Les massacres ont-ils été prémédités? Ils n'ont pas pu l'être avant le 10 août, bien entendu, mais peut-être l’ont-ils été dès le 20. — Ajoutons tout de suite par un très petit nombre de personnes ‘.

Par Marat seul, d'abord. Quant à celui-ci, la préméditation remontait haut, et elle était publique. Marat, de tout temps, avait uniquement prêché l'alliance salutaire du massacre el de la dictature. Introduit au Comité de surveillance par Panis, son admirateur imbécile, Marat n’eut pas de peine à convertir Panis, Sergent et quelques autres de ce comité à son idée du massacre. Ceux-ci, ayant déjà commis des vols et des pillages, avaient besoin d’une diversion sinistre qui les dispensât de rendre compte*. Ils gagnèrent successivement à l’idée Danton, Manuel, Desmoulins, Fabre et une trentaine de membres du Conseil Général, ceux probablement qui furent envoyés en province le 3 septembre comme commissaires de la Commune et du pouvoir exécutif tout ensemble.

1. 11 est difficile de déterminer la responsabilité d’un groupe vague comme l'est une section populaire, et même d’un corps constitué comme le Conseil Général; cela flotte, cela varie d’une séance à l’autre, selon le hasard des présences et des absences. La responsabilité des individus influents se détermine

avec plus de probabilité, sinon de certitude. 2. Les malversations [de Panis, de Sergent et d’autres encore sont prouvées