La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 81

qu'ils voulaient être élus tout de même, être seuls élus ». Et ce fut pour la même raison qu'ils voulurent propager le massacre hors de Paris, l’étendre sur les provinces comme nous le verrons tout à l'heure. Ceci, par exemple, dépassait de beaucoup la hardiesse d'un Panis, d’un Sergent. Cette audacieuse conception d'un massacre indéfini ne peut appartenir qu'à Danton. Marat, bêtement, ne voit dans le massacre que la suppression physique de l'adversaire. Danton est l'homme de la Terreur, j'entends celui qui connaît la puissance de ce ressort et qui veut s’en servir, à défaut du nombre.

Danton espéra obtenir par la terreur une Conventiontoute montagnarde ou au moins terrorisée. Il est, de par ce moyen, l’antithèse de Robespierre, puisqu'il met, lui, son espoir dans la violence ouverte, réelle et, à défaut, dans la violence parlée. Les autres furent des disciples, des suivants, des séides de Marat ou de Danton.

Mais encore, dira-t-on, où sont les preuves de la préméditation ? |

Pour Danton, presque tous les historiens s'accordent. Sa complicité leur paraît acquise dès le jour où il fait admettre par l’Assemblée législative le projet de la grande visite domiciliaire, formé par la Commune (le 29 août); et elle leur paraît confirmée par son discours du 2 septembre, où il prévient sournoisement qu'on va sonner le tocsin, battre la générale, et enfin et surtout par la circulaire envoyée sous son couvert.

Et Robespierre? J'ai déjà dit ce que je pensais. — II y a eu de sa part complicité passive seulement.

Ce qui me porte à croire qu'il a su, c’est, outre sa situation prépondérante à la Commune, une imprudence qu'ila commise par excès de précaution (genre d'imprudence propre aux

habiles). Dans sa réponse à Louvet, du 5 novembre, il se

1. Nous verrons plus loin les aveux faits à ce sujet par Collot, Robespierre jeune et par d’autres.

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