La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 83

cette question Robespierre s'est tu; pas un mot n’est sorti de sa bouche, alors qu’en cette même séance, il a parlé longuement contre les fauteurs du prétendu complot de Brunswick !.

« Robespierre, ont dit ses panégyristes, n’approuva pas les massacres. Ils les a même expressément réprouvés! » — Qu'il les ait réprouvés à un moment (je ne sais lequel) de sa vie, c'est possible; mais, à peu de distance des événements, il nous a, du haut de la tribune de la Convention, livré son sentiment sur leur compte. Nous verrons cela à sa date (5 novembre).

Je vais exposer assez longuement l'acte d’un particulier; mais cet acte a eu pour Je public des conséquences qui n’ont peut-être pas été assez signalées. L'acte en question à singulièrement envenimé les rapports des partis en lutte: il a rendu ces partis irréconciliables.

Le premier septembre 1792, Robespierre, en pleine assemblée du Conseil général de la Commune, accusa le parti Brissotin ou Girondin d'avoir formé un complot pour mettre le duc de Brunswick sur le trône de France. Le 2 septembre au soir, dans la même assemblée, Robespierre renouvela la même accusation (en complicité cette fois avec Billaud-Varenne). Les panégyristes de Robespierre contestent; nous allons voir s'ils ont raison.

Nous n'avons plus aujourd'hui l'exemplaire authentique du procès verbal du Conseil général de la Commune: il a été détruit en 1871 (une copie très incomplète subsiste seule). Mais, avant sa destruction, le document original a pu être vu

1. 11 y a une phrase de Louis Blanc que je tiens pour une admirable maladresse de panégyriste. — Elle dit, cette phrase, que Robespierre aurait voulu «aux dépens de sa vie », empêcher les massacres. Louis Blanc me fait juslement songer que si quelqu'un pouvait à cetle époque balancer l'influence meurtrière de Marat à la Commune, c'élait Robespierre. Si Robespierre eût parlé, qui sait? Mais son mutisme fut absolu!