La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

84 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

par ceux qui écrivaient alors l'histoire de la révolution, Michelet, Ternaux, Buchez, Louis Blanc. Or voici, au sujet de l’accusation faite le 1° septembre par Robespierre, la position réciproque des historiens en désaccord : Buchez, résumant la séance du conseil général du 1° septembre, ne mentionne pas l'accusation. Louis Blanc conteste l'accusation en s'appuyant du silence de Buchez, qu'il cite exclusivement. Louis Blanc n’a pas vu lui-même, à ce qu'il paraît, le procès-verbal. Ternaux et Michelet sont d'accord pour affirmer l’accusation ; ils la donnent dans les mêmes termes; mais je remarque que ni l’un ni l’autre ne dit expressément qu'il ait copié le procèsverbal. Cela nous laisse un doute sur l’accusation du 1°" septembre.

Passons à l'accusation du 2 septembre. Elle est également contestée, je le répète, par des historiens favorables à Robespierre; mais ici, nous pouvons acquérir une complète certitude, du moins à ce qu’il semble.

Nous lisons, dans la copie du procès-verbal qui subsiste! :

2 septembre, soir. — « MM. Billaud et Robespierre, en développant leurs sentiments civiques, peignent la profonde douleur qu'ils éprouvent de l’état actuel; ils dénoncent un complot en faveur du duc de Brunswick qu'un parti puissant veut porter au trône des Français. »

Billaud et Robespierre semblent bien, d’après ce texte, avoir prononcé, non quelques mots en passant, mais de véritables discours. Maintenant, à supposer que ni BillaudVarenne ni Robespierre n'aient cité aucun nom, ils ont parlé d’un parli puissant. À quel parti pensaient-ils en parlant ainsi? Aux royalistes vrais, aux partisans de Louis XVI? Aucun esprit raisonnable ne peut admettre que les royalistes eussent à cette époque lâché leur roi légitime pour introniser le duc de Brunswick. Billaud et Robespierre, s'ils avaient pensé au parti royaliste, auraient pensé une

1. Et nous lisons également dans le résumé de Buchez, qui a vu, lui, le procès-verbal authentique,