La première histoire des guerres de la Vendée : essais historiques et politiques sur la Vendée du Chevalier de Solilhac

LA PREMIÈRE HISTOIRE DES GUERRES DE LA VENDÉE 175

rassiers avec tant d'adresse, que, malgré le fer dont ils étaient couverts, pas un échappa.

Ce ne fut que le prélude d’un combat terrible, où nos gens dont un grand nombre n’avaient que des piques ou des bâtons, déployaient un courage incroyable. Enfin, après les efforts les plus grands et les plus opiniâtres de part et d’autre, l'ennemi prit la fuite. Une partie se retira dans le château, où elle aurait pu se défendre ; mais, épouvantée du combat qu'elle venait de rendre, elle se rendit prisonnière avec la garnison du château. Nous primes dans cette ville des magasins considérables ; la caisse militaire seule échappa; au premier coup de canon, Santerré s'était enfui avec elle.

Cette victoire porta l'effroi et la terreur chéz les patriotes ; ils évacuèrent Angers, où nous entràmes sans résistance. Ici, les avis furent partagés sur la marche que l’on tiendrait.

Quatelinos voulait marcher sur Laval, où il s'était manifesté des insurrections, qui n'étaient qu'assoupies. La conquête de Nantes parut plus brillante aux autres membres du Conseil et le siège fut résolu (1).

M. Charette l’attaqua sur la rive gauche de la Loire, tandis que MM. d'Elbée et Beauchamp marchaient sur elle par la rive droite. Nos généraux, par un oubli impardonnable, ne s'étaient pas procuré assez de vivres pour le temps que pouvait durer l’attaque : les munitions de bouche manquèrent Nos païsans ne se conduisirent pas avec leur valeur ordinaire ; enfin l’expédition fut sans succès. L'armée fit sa retraite sans perte (2), laissant sur le champ de bataille le brave et vertueux Quatelino, QUI JUSQUE LA AVAIT ÉTÉ L’AME DE L'ARMÉE (3).

(1) La proposition faite par Cathelineau de marcher sur Laval est un fait nouveau. Solilhac passe sous silence la nomination, à Saumur, de Cathelineau comme généralissime.

(2) Bernier, dans ses Nofes, dit 432 tués,

(3) Je regrette bien sincèrement que M. CG. l'ort n'ait pas véeu assez pour lire cette ligne, qui renferme ‘un si bel éloge. Peut-être eûtl été enfin convaineu que l'âme de l'armée depuis le commencement de la guerre avait été pluë qu'un: obscur capitaine de paroisse. Ai-je besoin de faire remarquer d’ailleurs au lecteur, que rien, absolument rien, n’appelait cet éloge de Cathelineau dans ces Essais destinés au gouvernement anglais, sinon la force de la vérité et l’immensité de la perte qu'avait faite l’armée vendéenne ?